
En 2005, l’organisation UGEAFI (Union des groupes d’études et d’actions pour le développement de Fizi-Itombwe) a lancé une initiative éducative ambitieuse en fondant le Complexe Scolaire Isoko dans la région de Minembwe, située dans les hauts plateaux du territoire de Fizi, au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. Cette région, caractérisée par son isolement géographique, son enclavement, ainsi que par des cycles récurrents de conflits armés, souffrait d’un grave déficit en infrastructures éducatives. Le projet est né d’un besoin exprimé directement par les communautés locales, qui avaient inscrit la création d’une école dans leur plan de développement communautaire.
À cette époque, la situation éducative y était alarmante : seulement 2 % des enfants parvenaient à réussir leurs examens d’État, symbole d’un échec systémique profond dans l’accès à une éducation de qualité.
Deux décennies après sa création, l’impact du Complexe Scolaire Isoko est remarquable. Le taux de réussite aux examens d’État est passé de 2 % à 87,5 % dans la région de Minembwe. Cette avancée spectaculaire a non seulement permis aux jeunes d’accéder à l’enseignement supérieur, mais a également ouvert les portes à des carrières professionnelles solides. Environ 65 % des diplômés du Complexe Scolaire Isoko sont aujourd’hui devenus médecins, ingénieurs agronomes, enseignants, infirmiers, économistes ou avocats.
Beaucoup d’entre eux sont revenus dans la région pour y exercer, ce qui contribue à la relance locale de secteurs vitaux comme la santé, l’éducation et l’administration. On retrouve ces lauréats dans les établissements scolaires, les centres de santé, l’administration publique, ainsi que dans des ONG nationales et internationales, où ils assurent un revenu stable à leurs familles et participent au développement local. À titre d’exemple, 7 % du personnel d’UGEAFI est issu de la communauté isoko, preuve tangible du succès de l’investissement dans l’éducation.
Au-delà des résultats académiques et professionnels, le Complexe Scolaire Isoko a joué un rôle majeur dans le renforcement de la cohésion sociale entre les communautés locales. Dans cette région longtemps divisée par des tensions intercommunautaires, l’école a offert un espace neutre et inclusif où des enfants issus de différentes ethnies dont: Babembe, Banyamulenge, Banyindu et Bafuliru peuvent apprendre et évoluer ensemble. Cette interaction quotidienne a contribué à réduire les clivages, encourager la tolérance et renforcer les liens entre les communautés. Aujourd’hui, l’école est perçue comme un centre où toutes les communautés se retrouvent autour d’intérêts communs, en particulier celui de l’avenir de leurs enfants. Avant l’implantation du Complexe Scolaire Isoko, la situation de l’éducation à Minembwe était critique. Plusieurs obstacles entravaient l’accès à un enseignement de qualité :
L’absence de manuels et de programmes d’enseignement : les écoles fonctionnaient sans matériel pédagogique structuré, rendant l’apprentissage difficile et inefficace. La pénurie d’enseignants qualifiés, Peu d’éducateurs possédaient les compétences nécessaires pour dispenser un enseignement de qualité.
L’inadéquation des infrastructures scolaires : les établissements, souvent construits de manière artisanale, ne répondaient pas aux normes minimales d’accueil des élèves.
L’inexistence d’un système d’évaluation fiable : l’absence d’outils d’évaluation ne permettait ni de mesurer les progrès scolaires des enfants ni d’orienter les interventions pédagogiques. La quasi-inexistence d’une supervision du ministère de l’Éducation : les écoles opéraient sans suivi ni appui technique des autorités compétentes.
En raison de ces multiples difficultés, moins de 10 % des enfants étaient scolarisés, principalement des garçons. Aucun finaliste de Minembwe ne réussissait les examens d’État avant l’intervention de l’UGEAFI.


Pour relever ces défis, UGEAFI a mis en œuvre plusieurs stratégies structurantes et durables, le Complexe Scolaire Isoko a été bâti en 2005 comme modèle d’excellence éducative. Il visait à montrer qu’un enseignement de qualité est possible, même dans des zones marginalisées. UGEAFI a collaboré avec dix établissements scolaires, dont sept écoles secondaires et trois écoles primaires, afin de partager les ressources, les programmes et les pratiques pédagogiques efficaces.
L’organisation a formé les enseignants des écoles partenaires, leur a fourni des manuels, des programmes d’enseignement adaptés, et a organisé des sessions de renforcement des compétences.
Des visites régulières ont été organisées pour s’assurer de la mise en œuvre des formations et pour évaluer la progression des écoles partenaires.
Le Complexe Isoko comprend aujourd’hui plusieurs départements spécialisés : Physique Mathématiques, Agronomie, Vétérinaire, Soins infirmiers, Informatique et Sciences de l’entreprise. Cette diversification permet aux élèves de s’orienter selon leurs talents et les besoins de la communauté.
Les effets de ce projet dépassent le cadre strictement scolaire. Grâce à la formation de professionnels de santé qualifiés, le taux de mortalité infantile dans la région a chuté à 2 %. Ces infirmiers, formés à Isoko, exercent dans 18 centres de santé et à l’hôpital général de référence de Minembwe. De plus, le projet a contribué à réduire l’exode rural, les jeunes trouvant désormais des perspectives d’avenir dans leur propre région.
Il a également permis de freiner l’enrôlement des jeunes dans les groupes armés, en leur offrant des alternatives viables fondées sur l’éducation et le développement. Enfin, l’impact du projet dépasse les frontières nationales : quatre anciens élèves ont participé à des programmes internationaux de réponse à l’épidémie d’Ebola, illustrant la capacité du Complexe Isoko à former des citoyens du monde, compétents et engagés.
Construction d’une école pilote appelée école Isoko Complex Il s’agit d’une école pilote construite par UGEAFI à Minembwe en 2005. L’objectif est d’en faire un modèle d’éducation de qualité.











